PASSION TOMATES

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lundi 28 janvier 2013

La maitrise de l’irrigation fertilisante en culture hors-sol

La culture de fraise hors sol sur substrat est actuellement en pleine expansion. Cette production exige toutefois l’intégration et la maîtrise de plusieurs éléments, dont un suivi et un contrôle précis des besoins nutritifs de la plante et de la fertirrigation.
Afin de respecter les besoins de la plante, la fertirrigation consiste en l’apport des substances nutritives (engrais solubles, le plus souvent azote, phosphore et potassium) nécessaires à la plante sous forme dissoute dans l’eau d’irrigation. Cette solution nutritive est distribuée dans la culture à chaque arrosage par le réseau d’irrigation. La qualité de l’eau de départ peut être un facteur limitant. Une analyse chimique est indispensable.
Trois critères sont utilisés pour définir une solution nutritive:
- la concentration en éléments minéraux;
- le pH;
- l’équilibre de la solution (proportions entre les différents composés chimiques).
La concentration en éléments minéraux de la solution
La concentration totale en éléments dissous dans la solution est exprimée à travers la conductivité électrique (CE). La CE traduit la capacité de la solution nutritive à laisser passer un courant électrique. La CE, exprimée en milli-Siemens (mS), est mesurée à l’aide d’un conductivimétre.
Les facteurs principaux influençant la sensibilité des végétaux à la concentration des éléments minéraux sont les conditions climatiques (température, luminosité, hygrométrie) et le stade physiologique de la plante (variations des besoins en eau).
En période de croissance active du fraisier, il est conseillé de débuter la fertilisation des plants frais à 1,2 mS jusqu’à 1,5/1,6 mS. En période de floraison, la conductivité peut varier de 1 à 1,8 mS. Notez qu’une conductivité élevée peut s’avérer très pénalisante et limiter la production de fruit (avortement des fleurs). Durant la fructification, la conductivité sera revue à la baisse, avec des valeurs conseillées entre 0,8 et 1,5 mS. L’excès de salinité peut entraîner une chute significative du calibre.
Par ailleurs, il faudra également contrôler les dérives de CE entre l’apport de la solution et le drainage (quantité d’eau drainée) deux à trois fois par semaine.
Le pH
Le pH traduit le caractère acide, neutre ou basique de la solution. Le pH optimal d’une solution nutritive en fraise se situe à 5,8 (pH apport). Toute dérive du pH au drainage de plus ou moins 20 % doit être corrigée.
Toutefois, le pH au drainage peut varier de 5 à 7 sans conséquence pour le comportement de la plante et la production de fruits.
Durant la période végétative, la vitesse d’absorption des cations et des anions va avoir une incidence sur l’alcalinisation ou l’acidification du milieu racinaire. Nous pouvons corriger le pH en jouant sur la forme d’azote, en utilisant du nitrate d’ammoniaque pour acidifier le milieu. Par ailleurs, la forme ammoniacale, qui représente 20 % de l’azote total, va favoriser la production de matière sèche et jouer un rôle sur l’équilibre sucres/acides des fruits.
Durant la phase de floraison-fructification, c’est le phosphate monopotassique qui aura un effet acidifiant, sachant que, durant cette phase, nous n’utilisons plus d’azote sous forme ammoniacale.
L’équilibre de la solution
Le premier impératif est que la somme des anions (N03, H2PO4…) doit être égale à la somme des cations (NH4+, K+, Ca2+...). Ensuite, dans un deuxième temps, il faudra tenir compte des rapports entre ions. Par exemple, les ions K+ et Ca2+ ne sont pas absorbés à la même vitesse. Le K est absorbé plus rapidement que le Ca. Dans certains cas de déséquilibre, un phénomène d’antagonisme peut être constaté (l’excès de K limite l’absorption de Ca). Ce déséquilibre a peu d’impact sur la production de fruits. En revanche, la qualité des fruits y est très sensible. Un enrichissement en calcium va provoquer une baisse de l’acidité ainsi que de vitamine C, et une altération de la brillance et de la fraîcheur du calice. Un enrichissement en potassium entraîne une augmentation de l’acidité des fruits et une fragilité accrue du fruit.
Par ailleurs, il est conseillé de contrôler si possible tous les jours la quantité d’eau drainée. Pour cela, il faut récupérer le drainage sur un échantillon de plantes représentatif (10 sacs ou pots) à 2 ou 3 endroits de la serre. La quantité drainée doit avoisiner 10 à 20 % de l’apport selon le stade de la plante.
Enfin, durant les périodes à ensoleillement fort, la consommation en eau par les plantes augmente. C’est pourquoi la fertilisation doit se faire avec des conductivités électriques plus basses, afin d’éviter les augmentations de salinité. En effet, les accumulations de sels dans les substrats et les drainages se traduisent en général par des baisses de productivité liées dans un premier temps à la baisse du calibre des fruits.

Source.
Frédéric Dumortier, Chambre d’Agriculture du Nord-Pas de Calais

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